La cigarette électronique jetable « Puff », véritable fléau pour la santé et l’environnement
La Puff, cette cigarette électronique jetable au format ultra compact vendue dans les bureaux de tabac, certains supermarchés et sur Internet pour une dizaine d’euros fait des ravages, et particulièrement chez les plus jeunes. Elles ont tout pour leur plaire : un bel emballage coloré, une grande variété de saveurs originales sucrées et fruitées (fraise glacée ou marshmallow par exemple). Pour le prix d’un paquet de cigarettes à peine, la Puff offre 500 à 600 bouffées, soit l’équivalent de deux paquets de cigarettes.
Une porte d’entrée facile d’accès vers le tabagisme
La teneur en nicotine de l’e-liquide contenu dans la Puff peut contenir jusqu’à 20 mg/ml de sels de nicotine… pour celles fabriquées au sein de l’Union Européenne, du moins. Certaines marques, fabriquées en dehors mais vendues en France, peuvent contenir jusqu’à 50 mg/ml, et se commandent aisément sur Internet, voire sur les réseaux sociaux (TikTok, Snapchat) à des prix attractifs. Autrement dit : les jeunes n’ont aucun mal à se procurer ces vape pen, malgré l’interdiction de vente théorique de ce produit aux mineurs. 1 sur 10 en a d’ailleurs déjà acheté ; c’est plus que la proportion de mineurs ayant déjà acheté une cigarette électronique (7%) ou des cigarettes classiques (6%)1. Cet attrait des adolescents pour la Puff fait craindre une épidémie pédiatrique de dépendance à la nicotine, et un possible effet de passerelle vers le tabagisme chez les jeunes, non-fumeurs au départ, qui auraient découvert la substance à travers ces vapoteuses jetables. Il est urgent de se préoccuper de son interdiction pour ralentir cet emballement.
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Les adolescents en sont des victimes idéales
Les adolescents sont d’abord séduits par la variété de goûts, et sensibles à ce marketing qui leur est discrètement dédié. Bien souvent, c’est aussi à cet âge que l’influence des pairs a un impact considérable sur les actes : parmi les adolescents qui ont déjà testé la Puff, la moitié a été tentée parce que leurs amis l’utilisaient, en premier lieu dans l’enceinte scolaire par ailleurs. Un effet de mimétisme amplifié sans surprise par les réseaux sociaux, qui mettent particulièrement en avant l’aspect ludique qui leur plait tant. Les adolescents ne semblent pas avoir bien conscience des risques induits par l’utilisation des cigarettes électroniques jetables. Près de la moitié qualifie les Puff de produit « dangereux », mais la majorité relativise tout de même les risques en l’évaluant comme « plutôt dangereux » (48%), plutôt que « très dangereux » (28%)1. Et pourtant, le cerveau est particulièrement vulnérable à l’adolescence et la dépendance peut se développer à grande vitesse – quelques semaines d’utilisation suffisent.
Composition nocive pour l’environnement, recyclage difficile et incertain : le bilan écologique désastreux
L’aspect environnemental s’ajoute de toute évidence à la question de santé publique. La Puff est un déchet supplémentaire qui s’additionne aux 4 500 milliards de mégots jetés dans l’environnement chaque année. Batteries aux métaux lourds, composants électroniques, résidus de plastique, nicotine : la composition des vape pen est source de déchets massifs et dangereux. Le recyclage des Puffs demeure qui plus est une vraie zone d’ombre. La plupart du temps, aucune indication ne précise la manière de les jeter après usage, ou les possibilités de les recycler. Et quand certains fabricants affirment que leurs produits sont recyclables, cela ne s’appuie sur la confirmation d’aucune source vérifiable ou label indépendant. Un exemple typique de greenwashing, en fin de compte.
La Fédération Française de Cardiologie signe une tribune réclamant l’interdiction immédiate de la Puff
La proposition de loi visant à interdire la vente de ces cigarettes électroniques jetables sur le territoire français déposée par la députée EELV Francesca Pasquini montre que la dangerosité de la Puff commence à être considérée – et heureusement, étant donnée l’urgence sanitaire et écologique que cela représente.
En mai 2023, l’ACT-Alliance contre le tabac et la Surfrider Foundation Europe ont signé une tribune dans le journal Le Monde réclamant son interdiction immédiate, soutenue par la Fédération Française de Cardiologie.
François Braun, ministre de la Santé et de la prévention, a annoncé en réaction vouloir faire interdire les Puffs dès cette année ; la Fédération Française de Cardiologie insiste sur le caractère indispensable de cette réglementation.
1Enquête BVA / ACT-Alliance contre le tabac sur la perception et les usages des cigarettes électroniques aromatisées jetables Puff menée sur 400 adolescents français âgés de 13 à 16 ans, octobre 2022